L' article est enfin complet avec l'album photo associé, merci pour votre patience !
Joyeux Noël et Bonne Année 2014 à tous ceux qui viennent faire un petit tour sur " Un autre tour" . Avec Monique, nous venons de passer 3 semaines en Birmanie le mois dernier, toujours en voyage désorganisé...
En Avril dernier nous avons fait aussi la Route 66 en Harley Davidson: 4200 km de Chicago à Los Angeles, en passant dans certains coins déjà visités (dans l'autre sens) avec Magic en 1998. Je devrais pondre un petit article aussi...
En Décembre 2006 j'avais du mettre des pointillés sur la belle trace ininterrompue de "Magic" depuis Brest : j'arrivais à Calcutta après 14300 km , mais butais sur la Birmanie infranchissable à vélo pour cause de dictature militaire très cachotière...Un vol Calcutta / Hanoï au-dessus de la jungle birmane me permettait de poursuivre "un autre tour", bien décidé à revenir un jour dans ce pays...
Jeudi 14 Novembre : Départ de Brest ; Vendredi 15 Novembre:arrivée à Rangoon
Brest/Roissy/Saïgon/Hanoï/Rangoon! On peut faire plus simple mais je voulais profiter au maximum des billets GP d'Air France (Merci Anita). Ca m'a permis de terminer un livre passionnant sur Aung San Suu Kyi. Première boulette: je n'ai pas pris de visa pour le Vietnam pensant y ètre en transit alors que Saïgon/Hanoï est évidemment une ligne domestique.. Monique :" On dirait que tu n'as jamais voyagé!" Les douanes sont conciliantes et un visa express sera obtenu sur place en une demi heure. Et les bagages dans tout ça? Pas de bagages! Chacun son petit sac à dos et c'est pas le menhir des routards, la solution: larguer le sale (de prèfèrence moche et usé) et acheter du propre, c'est pas cher et ça fait des souvenirs.. Survol de Rangoon (4.2 millions d'habitants) à la tombée de la nuit, dessous défilent les toits en taules rouillées, peu de traffic dans les rues et éclairage public minimum. Grace à "Booking.com" nous avons une adresse d'hotel qu'il suffira de donner au chauffeur de taxi, surprise il ne parle pas anglais, comme à Guipavas en fait! Acceuil très sympa dans le petit hotel resto de la banlieue nord, une famille chinoise aux commandes et une armada d'employés birmans.
Samedi 16 Novembre:
Au petit matin, Monique: "On fait quoi aujourd'hui? Faut qu'on s'organise!", François: " Mais c'est un voyage désorganisé qui va s'organiser tout seul, tu verras " , elle n'est pas convaincue.. D'abord trouver une bonne carte de la ville, se faire déposer en plein centre et prendre son temps, siroter un café sur une table minuscule de trottoir en se laissant submerger par Rangoon, petit à petit..."Laisser la magie opérer" comme dirait quelqu'un qui écrit bien. Tiens un kiosque à journaux, "Do you have news in english? I want the 'official' news (je lui montre mes poignets ligotés, ça le fait beaucoup rire...) and the 'democratic' news". Vous ne me croirez pas, mais il a les deux: The new light of Myanmar avec en première page le président actuel Stein Vein (ancien militaire) recevant l'ambassadeur de Korée du Sud et le Myanmar Times avec Aung San Suu Kyi que l'on appelle aussi La Lady ou ASSK pour les américains. La presse n'est donc pas complètement muselée et c'est un signe très encourageant. Nous dégustons les articles assis dans l'herbe du Jardin De l'Indépendance, c'est une mine d'or pour essayer de comprendre la "transition démocratique" (c'est le terme officiel) qui devrait s'opérer en Birmanie avec en clé de voute les élections de 2015. Mais les militaires retranchés dans la nouvelle capitale fantome de Naypyidaw (construite en secret à 320km au nord de Rangoon) lacheront-ils le morceau? Il semble qu'un point de non retour à la dictature ait été franchi, pour preuve la pluspart des prisonniers politiques ont été libérés.
Direction le port au sud de la ville, la limoneuse rivière Rangoon permet aux gros bateaux de venir jusqu'ici, à 50km de la haute mer. Quelle activité! c'est le poumon de la Birmanie: des porte-containers, des ferries, des petites pirogues pétaradantes, un jeune birman nous propose de passer de l'autre coté en prenant un ferry. Encore des traces du cyclone Nargis qui a dévasté toute la région le 2 Mai 2008 en faisant 140000 morts. La junte militaire avait fait preuve de son cynisme en n' avertissant pas la population alors que le passage du cyclone était connu avec 48 heures de préavis et en refusant ensuite les secours. Première bière birmane , la fameuse Myanmar dans sa bouteille de 66 cl !On en boira des litres (mais toujours une bouteille pour deux: one boottle/two glasses) tout au long du voyage qui commence déjà à se préciser!
On prendra les moyens de transport locaux (4X4, bus, train, bateau, pirogues, moto, vèlo) sauf l'avion pour découvrir le pays. Après demain ce sera le train pour Mandalay deuxième ville du pays à 650 km au nord de Rangoon. Illico nous allons à la gare au centre ville pour acheter les billets: la gare et les trains sont en état de décrépitude avancée, au moins 50 guichets alignés dans un style tout à fait colonial (My goodness! il faut bien canaliser ces indigènes!) mais un seul guichet est pourvu d'un prèposé, ça tombe bien nous sommes les seuls clients! Pas d'ordinateur bien sûr mais le bon vieux carnet à souche avec 2 feuilles carbone par billet pour garder trace du passage de ces 2 olibrius. "Vous serez en Upper Class, première voiture, sièges B1 et C1, départ à 06.00 du matin mais soyez là à 05.30, arrivée à Mandalay à 20.00 heures" ,"S'il n'y a pas de retard.." ajoute notre préposé avec un petit sourire. Bigre 14 heures pour faire 650 km soit 46 km/h de moyenne, on va avoir le temps de voir le pays, c'est parfait!
Retour sur l'herbe du parc central pour faire le bilan de cette première journée: ravis! les gens sont très cool, souriants, une jeune femme allaite son bébé à quelques mètres, un birman d'une vingtaine d'année propre sur lui vient discuter: il fait une thèse sur le tourisme, son père est mort d'une morsure de serpent il y a 5 ans, il dort dans un monastère..Il nous pose aussi beaucoup de questions avant de s'éclipser. Pour Monique c'est notre premier interrogatoire ! Il y en aura d'autres, ca commence habituellement par:" Where are you going?" ma réponse est toujours la mème "I don't know" et c'est souvent vrai. Ca les laisse très perplexe. Il est 5 heures du soir, le soleil commence à plonger derrière l'horizon, dans une demi heure c'est la nuit noire: elle vient très vite à 16 ° de latitude nord, ici on ne voit pas l'étoile polaire qui est trop basse sur l'horizon. Orion et Cassiopée sont magnifiques, ca me rappelle La Havane: l'éclairage est inexistant mais on s'y habitue, le ciel étoilé vaut tous les lampadaires du monde..Par contre la lampe torche est indispensable car les trottoirs sont un piège à piétons: des trous partout, des caniveaux non recouverts, des gens et des chiens qui dorment, des bouquins sur un tapis, des petites tables pour manger avec des chaises de 30cm de haut, des marmites qui chauffent. On mange un "Fried rice with chicken" dans un petit resto bondé pour 3$ (2.3 €), la monnaie locale est le Kyatt, la conversion est facile : 1$ =1000 kyatts et il n'y a pas de pièces, ça c'est pratique. "Mingala ba" est le salut qu'il faut connaitre et que l'on recoit aussi toujours en retour.
Dimanche 17 Novembre:
La pagode Shwedagon est la plus belle, grandiose, impressionnante, envoutante du monde. C'est Dimanche: les birmans ont envahi leur site sacré préféré, souvent en famille avec tout le nécessaire (victuailles, couverts, réchauds) pour passer une bonne journée! J'avoue n'ètre pas un fan de Boudha ni de ses milliers de pagodes et autres stûpas, mais observer ses fidèles et participer (pieds nus)à cette ambiance chaleureuse est un réel plaisir.
La maison de Aung San Suu Kyi est au bord du lac Inya au Nord de la ville tout près de l'Université. La porte d'entrée de la propriètè est aux couleurs de son parti politique LND (Ligue Nationale pour la Démocratie), son père le Général Aung San héros de l'Indépendance birmane . La Lady (68 ans) a été assignée à résidence ici par la junte militaire durant un total de 15 année de 1989 à 2010. Elle avait coutume de paraitre à cette porte vers 16 heures le Samedi et le Dimanche pour discuter politique avec les habitants. Nous ne la verrons pas aujourd'hui! Des bus arrivent avec des moines boudhistes et des touristes qui vont poser pour la photo. Des voitures klaxonnent en passant sur le boulevard et des mains s'agitent aux portières en signe de solidarité. Pas un seul policier ou militaire (visible) dans le secteur. La Lady est depuis 2012 députée au Parlement suite à des élections partielles, elle a déjà annoncé sa candidature pour la Présidentielle de 2015. Nous nous rappelons la visite de la maison de Nelson Mandela à Soweto il y a 2 ans, beaucoup de similitude entre ces deux destins. Une envie de lui crier en partant: "Bonne chance Suu Kyi".
Lundi 18 Novembre:
A 5.30 heures pètantes nous sommes à la gare, il fait encore nuit. Un hall de gare immense qui ne doit pas avoir changé depuis 100 ans. Des sacs informes (solitaires ou groupés) dorment sur le ciment, les chiens par contre sont déjà debout à la recherche d'une maigre pitance. Le train est à quai, je remonte la voie pour saluer le conducteur et le mécanicien à poste dans la motrice diesel hors d'age, manifestement nous allons ètre sous motorisé...Notre wagon Upper Class est juste derrière la motrice, la meilleure place en cas de déraillement..
Nous partons avec 10 minutes d'avance, le jour est arrivé sans crier gare. Une réelle misère le long de la voie: des gens dorment sur le ballast parfois à moins d'un mètre des rails, des enfants et des animaux traversent la voie recouverte d'herbe, des abris de fortune un peu partout, le conducteur garde le pied sur son klaxon à réveiller les morts.
Le train passe au plein milieu des villages, en fait ce sont les villages qui sont venus au train. On pourrait attraper sans problème le linge qui sèche dehors. Les paysans sont déjà au champ ou plutôt à la rizière, les charrues sont tirées par deux boeufs en cote à cote, parfois un petit motoculteur chinois mais pas de tracteurs. Le train accélère un peu entre les villages et les mouvements du wagon deviennent frénétiques: Tchak ah tchak....Tchak ah tchak...Tchak ah tchak...on se demande si on est toujours sur les rails. Briefing Sécurité avec Monique: " Si tu sens que le wagon part sur le coté, tu te laisses glissé sous le siège de devant et tu t'accroches comme une forcenée aux deux pieds, là! Il faut absolument éviter d'ètre projetée au plafond qui va ètre écrasé si on fait un tonneau, pigè?" Je n'arrive pas à savoir si notre wagon est "normal" ou s'il a un gros problème mécanique. Nous sommes heureusement en plaine jusqu'à Mandalay, sinon je descendais dans une gare c'est sûr! Je regarde avec envie la route qui longe la voie ferrée, avec Magic la-dessus c'était du billard et pas du corbillard comme en ce moment! A chaque gare les marchands de nourriture prennent d'assault les wagons : thé, café, eau, bananes, fried rice, gateau, y a qu'a se servir et c'est pas cher!! La nuit tombe et nos paupières aussi, déjà 12 heures que nous sommes dans ce shaker! j'en ai marre et suis de mauvaise humeur;
Nous arriverons à Mandalay à 22 heures soit 16 heures à 40km/h de moyenne, le dos cassé malgré un siège souple et inclinable avec une pensée émue pour les 2ème Classe sur leurs banquettes en bois! On rejoint l'hotel sur le tablier d'un Toyota, à la guerre comme à la guerre...
Mardi 19 Novembre
Journée moto à Mandalay :aujourd'hui en passager ( 2 motos donc) et demain on essaiera d' en louer une "sans chauffeur", ce qui est normalement interdit en Birmanie, idem pour les voitures. C'est très agréable de sillonner la ville sur ces machines de 125 cm3 confortables et silencieuses. 1000000 d'habitants, centre géographique et capitale religieuse du pays. L'immense palais royal a pris feu sous les bombardements de la seconde guerre mondiale, les 1600 mètres de muraille abritent maintenant une garnison. En lettres d'or sur le fronton: " L'armée et le peuple coopèrent et écraseront tous ceux qui attaquent cette union." Nous voilà rassurés!!
Pour bien voir la ville il faut monter sur la colline et de préférence au coucher de soleil: 1700 marches à gravir pieds nus au milieu des pagodes mais le spectacle vaut le déplacement malgré un pied de nez du soleil qui se
couchera à l'abri des nuages.
Ce soir les "Moustaches Brothers" sont en représentation dans leur garage de la ville basse. C'est une petite troupe familiale (opéra, danse, mimes..) qui sillonnait le pays et avait donné un spectacle chez ASSK le 4 janvier 1996 jour de l'Indépendance en se lachant sur la critique du gouvernement. Résultat 7 années de travaux forcés pour les 2 frères moustachus...Ils ont repris le flambeau! Une bonne blague birmane: " Savez vous pourquoi les birmans vont en thaîlande pour se faire arracher les dents ? Parcequ'en Birmanie ils ne peuvent pas ouvrir la bouche ! "
Vous voyez sur la photo le rappel des organismes sympathiques , il y a aussi une pancarte pour le SDEC bien de chez nous !!
Mercredi 20 Novembre
Ca y est! On a pu avoir une seule moto pour nous deux, une 150 cm3 chinoise, elle aurait pu ètre japonaise mais c'est plus cher . Ces petites motos ont envahis toute l'Asie et ont démocratisé le transport : confortables, silencieuses et pas trop rapides, bref le pied!
Quel sentiment de liberté de pouvoir partir sans contraintes où bon nous semble. Ce sera cap au Sud vers Amarapura et son fameux pont d''U Bein en bois de tek de 1200 mètres de long et seulement ouvert aux piètons. C'est un point de vue idéal pour observer la société birmane: les pècheurs passent dessous en pirogues, les boeufs tirent les charues sur les berges..Ensuite route vers Sagaing, ancienne capitale célèbre pour ses poteries. Tuuut....Tuuut.... l'alarme sonore du clignotant reste soudain coincée en position marche, impossible de l'arrèter: c'est l'attraction à chaque arrèt avec en plus deux étrangers sur la mème moto...On trouvera un petit garage qui remettra tout en ordre pour 0.5 euro. La nuit tombe quand nous arrivons à Mandalay, la circulation est très dense et il n'y a ni feux ni stop dans les carrefours et pourtant ça passe: la technique est d'anticiper une ouverture et surtout de ne pas s'arrèter... Soudain au milieu du traffic la moto s'arrète net: panne d'essence au milieu du traffic! Panique ! Un birman accoure et essaie de démarrer la moto avec le kick, je lui crie: NO GAZOLINE!! Il repart en courrant et revient en moins de 30 secondes avec une bouteille d'eau minérale pleine d'essence! Chapeau bas: un exemple de coopération entre les peuples!
Jeudi 21 Novembre
Lever ce matin à 05.15, nous prenons le bateau pour Bagan sur le fleuve Irrawaddy qui traverse la Birmanie du Nord au Sud. Nous sommes une cinquantaine de passagers sur ce bateau à fond plat, la hauteur d'eau sur le fleuve est parfois inférieure à 1 mètres et il faut louvoyer entre les bancs de sable, la hantise de notre pilote est de s'échouer. Un "navigateur" scrute l'avant du bateau et m'explique qu'il connait la profondeur en fonction de la couleur de l'eau: me voilà rassuré car il n'y a pas de chaloupes de sauvetage, remarquez on pourra toujours essayer de regagner les berges à pied, à moins que le courant nous emporte. Nouveau brieffing Sécurité pour Monique...10 heures plus tard nous accostons une berge boueuse à Bagan;
Vendredi 22 Novembre
Bagan (50000 habitants) est la ville aux 4000 pagodes, temples et stupas , j'en ai compté 3997 (non, je blague!) certains disent que c'est en fait 13000 mais comme dirait Coluche " Je pense que c'est exagéré". J'avoue que la vue est absolument magique et parcourir les 40 km2 du site sur des motos (encore!) électriques individuelles est un vrai régal. Le soir tout le monde escalade la pagode Shwesandaw par des escaliers à pic (s'abstenir si vous étes sujet au vertige!) pour admirer le coucher de soleil qui fait briller toutes les dorures, vraiment stupéfiant! Le soleil birman est farceur, il se couchera encore derrière les nuages.
Malgré cet afflux touristique, les locaux vivent très pauvrement dans des petits villages près du fleuve. En 1990 la junte militaire les a obligés à quitter la zone des temples et à construire leur "cabane" en moins d'un mois. Raison évoquée: ils creusaient autour des temples pour chercher des paillettes d'or et des pièces précieuses; Les récalcitrants ont été incarcérés, comme d'habitude...
Samedi 23 Novembre
Aujourd'hui direction le mont Popa en pick-up Toyota à une cinquantaine de kilomètres de Bagan. Nous sommes ébahis par la beauté des étals de fruits et légumes dans les villages traversés, nous avons des progrès à faire dans ce domaine sur nos marchés ! L'attraction du mont Popa est un éperon volcanique de 700 mètres de haut envahi par des singes agressifs. Encore une longue grimpette pieds nus (merci Boudha) entre des stands divers pour atteindre le temple juché au sommet. Sur le parcours on peut faire des offrandes ( kyats, dollars ou euros acceptés..) à des officiants boudhistes qui vont faire une prière aux esprlts (les nats) d'autant plus longue et plus tonitruande que la somme versée sera élevée, bien vu...A méditer dans nos églises quand la religion reprendra le dessus, le balancier de l'histoire !
Sur la route du retour vers Bagan nous nous égarons à pieds sous la canicule à la recherche d'un point d'eau pour les buffles que nous ne trouverons pas, attention aux serpents dans les hautes herbes
Dimanche 24 Novembre
Départ du bus pour le lac Inle ce matin, il y a 8 heures de route à travers la grande plaine centrale avant d'atteindre les montagnes à l'est qui séparent le pays du Laos et de la Thaîlande. Le bus est archi bondé, y compris le couloir central où on s'assoit sur des petites chaises en plastique. Une feuille circule pour les étrangers qui doivent inscrire leurs noms et numéros de passeport. Au fait nous n'aurons pas eu un seul controle de police dans ce pays, la France serait-elle plus "fliquée" que la Birmanie? Paysages de montagne somptueux avec beaucoup de fleurs et de rizières, ça me rappelle la traversée du Laos avec Magic en Janvier 2007.
On logera au Teakwood Guesthouse (tout est en tek en effet) sur les traces de Nicolas Hulot passé par ici il y a quelques années. La proprio est connue pour son sens des affaires, on le remarquera très vite mais nous réussirons quand mème à faire diviser par deux le prix de la journée de pirogues.
Lundi 25 Novembre
Le lac Inle est à 900 mètres d'altitude, il fait une vingtaine de kilomètres de long sur une dizaine de large. Les pirogues elles font 8 mètres de long et 80 cm de large, elles sont donc très rapides avec leur moteur chinois monocylindre mais aussi très instables surtout à l'arrèt. Notre piroguier Intha (la tribue du lac) est très sympa et parle très bien anglais. On va sillonner le lac toute la journée pour voir les villages sur pilotis avec l'artisanat local (orfèvreries, métier à tisser, fabrique de cigares...), les temples aussi mais pas trop car nous sommes gavés, les jardins flottants...
Les pècheurs du lac sont la grande curiosité avec leurs filets en forme d'entonnoir et surtout leur facon de ramer avec une jambe qui entoure l'aviron en leur laissant les deux mains libres pour manier leur filet. Le sunset sur le lac est bien sûr à ne pas manquer: comme d'habitude le farceur passera derrière les nuages.
Dépèchez vous d'y aller car les touristes envahissent le pays, leur nombre est passé de 300000 à 1 million en trois ans , on "espère" 3 millions en 2015 et sans doute plus si Aung San Suu kyi gagne les élections!
Nous rencontrons le soir 3 vendéens qui partent demain en taxi pour Tangoo voir les éléphants, on y va aussi et on se donne rendez-vous la-bas
Mardi 26 Novembre
Il nous faut des photocopies de passeports en 5 exemplaires pour aller demain dans les montagnes voir les éléphants, heureusement nous sommes à vélo car il faudra moultes palabres et fausses pistes pour trouver enfin un photocopieur à peine déballé dans une boutique dont nous serons les premiers clients, le propriétaire est très fier de cette inauguration imprévue.
Encore 8 heures de bus (archi bondé) plein sud pour rejoindre Taungoo où nous arrivons à 22 h (il fait nuit depuis 4 heures) . Nous montons à 3 sur une petite moto avec tous les bagages pour rejoindre le Beauty Family, guest house bien connue du Docteur Chan.
Mercredi 27 Novembre
Nous sommes 5 avec les 3 vendéens assis sur une couverture à l'arrière du Toyota en route vers le royaume des éléphants. Arrèt au marché pour prendre plusieurs régimes de bananes La montagne émerge de la brume et le paysage est vraiment irreél. Au bout de 3 heures sur une route très étroite nous arrivons dans un petit village, les éléphants (4 adultes et 2 petits) sont dans la rivière en contrebas avec leurs cornacs qui les lavent affectueusement avant la journée de travail. Nous les suivrons à pied jusqu'au lieu de travail plus haut dans la jungle. Ils doivent rassembler des troncs de tek dans une clairière. Les voir travailler avec les cornacs qui battent des jambes derrière leurs oreilles pour les guider et les encourager est vraiment inoubliable: une impression de puissance et de docilité mélangées un peu comme la rencontre de baleines en haute mer. Lorsque le tronc se coince dans les branchages, l'éléphant s'arrète, reprend son souffle et pousse un barrissement à vous glacer le sang tout en s'arqueboutant dans un ultime effort, on a l'impression que les grosses chaines qui relient son poitrail au tronc vont éclater...Quel spectacle de la nature!
Nous redescendons à pieds au village derrière les éléphants pour la pause bananes. Un siège biplace (dos à dos) est monté sur chaque éléphant pour la promenade touristique: une sous ventrière et une corde qui passe sous la queue assure une fixation du siège à toute épreuve, nous saurons vite pourquoi... Après une entrèe en matière pépère dans la rivière, nous attaquons le relief très pentu et en montée, c'est rock'n'roll mais ça va! A droite c'est vertigineux, notre cornac fait signe : on va y aller ! Je vois l'éléphant qui nous précède se mettre à genoux sur ses pattes arrière pour diminuer l'inclinaison et se laisser glisser dans la pente et ça passe! hallucinant! on irait partout avec ces braves bètes !
Nous rencontrons le soir l' éclectique Docteur Chan qui est à la fois docteur, hotelier, guitariste, conteur...Il va dans les villages très reculés où la population n'a aucun moyen de se soigner et où 2 enfants sur 7 ne survivent pas au-delà de l'age de 5 ans.
Fin du voyage:
Nous passerons encore un jour à Tangoo avant de reprendre le bus vers Yangoon à 220 km en empruntant l'autoroute déserte construite par les militaires entre la nouvelle et l'ancienne capitale.
Après une dernière journée à Yangoon où nous retrouvons notre hotel initial, nous prenons l'avion pour Hochiminh Ville pour 4 jours au Vietnam, mais ceci est une autre histoire !