Tivaouane ville sainte musulmane, première étape après Dakar il y a 3 jours. J' arrive tard le soir après avoir lutté toute la journée contre un fort vent de face. Je passe au commissariat de police pour voir ou je peux dormir: un seul hotel dans la ville a quelques centaines de mètres. Guy, 34 ans, me recoit et m' avertit: " Y a pas d' eau, pas d' électrécité et beaucoup de moustiques, mais je peux te donner une bougie, un seau d' eau et une spirale anti-moustiques". Le gouvernement a tout coupé et ne veut plus subventionné cet hotel. Je passe la nuit à me gratter et suis décidé à ne pas payer les 11000 FCFA (110 FF) que Guy me demande.
Au petit matin, il va me chercher un tout petit sachet de café et un bout de pain beurré et on parle...
Guy est le gérant de l' hotel et vit ici avec sa femme et ses deux enfants. Il gagne 500 FF par mois et donne une partie à son cousin Georges qui ne parle pas mais sourit tout le temps. Il ne peut pas mettre un sou de coté et arrive difficilement à nourrir sa petite famille. Il y a 2 ans, il décide de partir en France pour 2 ou 3 ans afin de se faire assez d' argent pour acheter une petite épicerie au Sénégal. Il réussit à économiser 8000 FF qu' il donne à un "passeur" de Dakar mais celui-ci part en France avec l' argent, Guy n' en reverra jamais la couleur...
Il va essayer de repartir en France en revendant sa 205 Peugeot qui est en bon état. Il veut faire le trajet en avion car le voyage en pirogue qui coute environ 4000FF est beaucoup trop dangereux. Plus de 2000 sénégalais quitte le pays en pirogues à moteur toutes les semaines, environ 500 disparaissent en mer, sur les 1500 restants environ 150 réussissent à rejoindre l' Europe après une première "escale" aux Canaries. Tous les autres se font prendre et sont rapatriés au Sénégal après avoir tout perdu. Ils ont peu de chance de trouver du travail car le taux de chomage officiel est de 50% et en fait il est plutôt de 80%, beaucoup iront en prison car ils devront chaparder pour survivre...
J' ai payé mes 11000 FCFA à Guy sans discuter.
Je suis arrivé hier à Saint Louis, ancienne capitale du Sénégal et premier pied à terre des Francais en Afrique. La bonne humeur est partout malgré l' extrème pauvreté et la vie très difficile. Je devrais ètre en Mauritanie toute proche demain soir.